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lundi 20 décembre 2021

A Plougastel, on a la crème des élus macronistes !

A quand un départ de l'élu macroniste Stéphane Péron ? 

"C'est à la faiblesse du chef que l'on voit surgir la meute." Cette citation d'un auteur anonyme pourrait s'appliquer à la microscopique macronie locale. Et pour s'en convaincre, il suffit de revenir quelques mois en arrière, lors des élections municipales à Plougastel-Daoulas. 

Stéphane Peron, intronisé par ses amis de gauche comme David Moan,

(Lire aussi : "A Plougastel les socialistes ont enfanté un macroniste" https://ddlabeillaud.blogspot.com/2019/12/a-plougastel-les-socialistes-ont.html )

pressenti pour concurrencer ce dernier pour être tête de liste du rassemblement des "écologistes" (sic) et de la gauche, se retrouve finalement éjecté lorsqu'il se rallie à la cause de Richard Ferrand, tout acquis à la macronie à venir. Certainement pour faire barrage à David Moan, Stéphane Peron se présente à la tête d'une liste étiquetée Lrem, confirmée en cela par la présence de Laëtitia Dolliou qui n'est autre que la suppléante de Richard Ferrand aux législatives de 2017. Mais sa légitimité pour représenter les Marcheurs ne fait pas l'unanimité car on retrouve deux autres adhérents (Michel Corre et Yvan Lachuer) sur la liste de l'actuel maire Dominique Cap : comprenne qui pourra !


de g. à d. Axel Carde, Laëtitia Dolliou (ex colistiers de S. Peron) et Michel Corre (Lrem également mais fidèle adjoint de D. Cap). Mais où est passé S. Péron ?

















Toutefois, contrairement aux apparences, Stéphane Peron, seul rescapé de la défaite du premier tour, n'est pas le seul représentant de Lrem dans le nouveau conseil municipal, puisque ses anciens adversaires Michel Corre et Yvan Lachuer, tout aussi partisan de la macronie, figurent également dans ce conseil emmené par le chef de cartel Dominique Cap. Les premiers pas de Stéphane Peron comme élu sont balbutiants, hésitants, comme s'il était déjà perturbé de ce choix cornélien d'être en même temps dans l'opposition mais ne pas trop l'être quand même. On le sent mal à l'aise dans ses interventions brouillonnes. 6 mois plus tard, les rumeurs persistantes le donnent sur le départ du conseil municipal, dans le courant du printemps prochain. D'évidences, hormis le fait que ce n'est pas glorieux de se désister de son mandat alors que l'on se prédestinait à être premier magistrat de la commune, ce qui en dit long au passage sur l'envergure et le potentiel de ces gens, d'anciens colistiers ont décelé eux-aussi des défaillances politiques chez celui qui était pourtant leur chef de file quelques mois plutôt et qui aujourd'hui préfèrent se désolidariser. 


Stéphane Peron pourrait se retirer du conseil municipal, à peine 1 an après les élections, désavoué par les Marcheurs locaux


Alors il faut préparer la suite. Tout logiquement le siège vacant devrait revenir aux suivants sur la liste municipale,  Laëtitia Dolliou semblant la mieux placée pour pallier à la défection du chef en déshérence. Elle qui pourtant était sortie par la petite porte, perdant son poste d'élue, revient en cette fin d'année sur le devant de la scène politique locale en s'associant à une initiative d'un autre adhérent de Lrem, Michel Corre, pour former un collectif qui s'intitule "Comité pour la réélection d'Emmanuel Macron", Crem Plougastel 29. 

A ce stade, un récapitulatif s'impose. Sur le papier, on a une liste Lrem emmenée par Stéphane Peron et Laëtitia Dolliou d'un côté, une autre liste concurrente avec deux autres représentants de Lrem dont Michel Corre. Au moment où Stéphane Peron semble préparer ses valises, Laëtitia Dolliou (Lrem) réapparaît publiquement avec un ancien adversaire Michel Corre (Lrem) pour former un collectif de soutien à la présidentielle d'Emmanuel Macron. S'ils se mobilisent effectivement pour cette élection avec le droit de soutenir un candidat de leur choix, ils ont avant tout un devoir de transparence auprès des habitants de la commune afin d'expliquer qu'une entente tacite se fomente pour avaliser le départ de Stéphane Peron et ainsi apporter, par l'arrivée de Laëtitia Dolliou, un soutien supplémentaire à la politique boulimique de Dominique Cap. 

Avec ce nouveau gloubi-boulga composé d'Yvan Lachuer, Michel Corre et Stéphane Peron, on a bien la crème des élus Lrem au conseil municipal, une tambouille politicienne bien navrante.

mercredi 8 décembre 2021

A Plougastel, démantèlement d'un squatt municipal

Une fois n'est pas coutume, c'est une municipalité réactionnaire qui a été contrainte de respecter les règles d'urbanisme qui prévalent sur l'accès au périmètre du littoral en démantelant une cabane illégalement installée dans la fameuse "bande des 100m." d'un terrain communal. Le phénomène est assez rare pour le souligner. Généralement ces mêmes communes voient d'un mauvais œil l'arrivée de nouveaux habitants, décrits le plus souvent comme anarchistes, altermondialistes, squatteurs, mais surtout hors de contrôle des autorités, ce qui paraît d'emblée suspect, qui adoptent de nouvelles mœurs étranges en matière de logement quand ils souhaitent installer une yourte ou un tiny house pour y vivre et qui tomberaient sous le couperet de la loi "Loppsi 2" comme "habitat illicite". 

A Plougastel-Daoulas que nenni. La mairie montrant l'exemple d'un laxisme ordinaire concernant les autorisations d'installation, de construction et d'extension sur le littoral beaucoup lui emboîtent le pas. Quel que soit d'ailleurs le type de projets, ou plus grave, quels que soient les discours d'affichage des "vrais défenseurs de l'environnement" dont des élu.es de l'opposition. Des élu.es qui sont bien entendu informés de toutes ces entorses à l'urbanisme mais n'agissent pas, surement par souci de clairvoyance auprès de leurs électeurs en situation de litige, lorsque les élections au conseil municipal sont dans leur viseur.

David Derrien d'"A quoi ça serre" posant fièrement devant l'ancienne baraque à frites de certains privilégiés 

Même si ce démantèlement n'est que provisoire (l'instruction du dossier est toujours en cours au TA de Rennes) il est déjà symbolique car il reconnaît le caractère illicite de l'occupation des lieux. Il a été possible que grâce à l'acharnement juridique de la seule association "A quoi ça serre" et de la mobilisation des adhérents, comme le montre la chronologie de leurs interventions parfois bien amusantes. 

Présentation de la situation. https://ddlabeillaud.blogspot.com/2019/11/la-paillote-illegale-dixit-la-mairie-de.html

Quand le taulier du bistrot clandestin avoue le forfait en caméra cachée. Jean-Jacque André adjoint à Dominique Cap, dans toute sa splendeur. 

Loi littoral. Plougastel. Comment un élu avoue un forfait (vidéo 1) et interdit l'accès au service de l'urbanisme (vidéo 2)

https://www.youtube.com/watch?v=FtCjknBaDUc 

https://ddlabeillaud.blogspot.com/2019/12/la-democratie-locale-devoree-par-les_2.html

Communiqué de presse complet d'"A quoi ça serre"
Après plus d'1 an de mobilisation des adhérents d'"A quoi ça serre" sur le contentieux l'opposant  à la mairie concernant l'emplacement illégal d'une cabane sur un terrain municipal à porzh gwenn, David Derrien peut annoncer que l'association a fini par avoir gain de cause. Suite à une demande d'opposition préalable fin février 2021 restée sans réponse, l'association a dû saisir le Tribunal Administratif de Rennes courant juin. Fort est de constater que son objectif a fini par payer en septembre avec le retrait de la cabane qui venait de surcroît se retrouver en porte-à-faux avec les nouvelles directives de la Dreal, ordonnées par le Préfet de la région Bretagne. L'arrêté préfectoral stipule en effet que la parcelle concernée se trouve dans le périmètre des sites d'intérêt géologique. Toutefois, David Derrien estime que l'association est bien seule encore une fois pour rappeler à l'ordre le maire Dominique Cap alors que l'opposition municipale emmenée par David Moan avait été sollicitée sur ce dossier. 

Article du Ouest-France du 08/12/21



dimanche 5 décembre 2021

Faire de l'écologie à la carte

Que signifie faire de l'écologie à la carte ? L'écologie à la carte est un syndrome d'appétence pour ce qui paraît consensuel, non contraignant, confortable pour se donner "bonne conscience", adhérer à des actions externalisées comme "l'appel des coquelicots", diffusé dans une transition aujourd'hui caduque, un syndrome qui ne sait pas s'accoutumer à des choix vitaux voire radicaux. En soi une faiblesse courante pour tous ciels qui font avec les aléas de ce putain de facteur humain nourri par l'avidité, le goût pour l'altération, certainement caractérisé par des comportements psychopathiques et qu'ils protègent par leur effacement. Autrement formulé c'est "Je choisis des causes non clivantes, type le vélo électrique, mais j'ignore le fait qu'une activité industrielle soit nuisible à notre environnement. Et puis c'est un voisin ou un membre de la famille, je n'ai pas envie de problèmes avec lui et je ne vais certainement pas signaler ses dérives."

Ecologie. Des élu.es de l'opposition
qui jouent "carte sous table"

L'écologie à la carte c'est être favorable à l'installation de plus d'agriculture biologique, c'est aussi des menus bio dans les cantines scolaires, sans vouloir remettre en cause les dérives industrielles compromettantes pour l'environnement du voisin serriste producteur de tomates hors-sol dont l'association "A quoi ça serre" à Plougastel a maintes fois relevé les infractions depuis 8 ans, des industriels qui mettent dans l'assiette des élèves des légumes insipides, hors de leurs saisonnalités. L'écologie à la carte c'est adhérer à un service minimum  et ne pas reconnaître le rôle devenu incontournable d'"A quoi ça serre" pour la commune.

C'est de fermer les yeux sur la dégradation de l'environnement préférant maintenir une certaine qualité de vie dans le lieu de résidence en multipliant les potagers bio et l'acquisition de quelques poules pondeuses motivés par une démarche très individualiste, dans les villages et hameaux de la presqu'île pourtant bouleversés en cela par l'intrusion paysagère envahissante de serres de plus en plus oppressantes pour la nature. 

L'écologie à la carte est portée par des acteurs économiques, politiques voire des militants qui se contentent de constats sur leur territoire de vie, se distinguant même parfois par leur complaisance. Qui se mobilisent pour sauver les zones humides de Notre-Dame-des-Landes à plus de 3h de route mais se gardent bien de condamner les mêmes destructions sur leur commune de crainte de s'obliger à la confrontation avec les pollueurs, indispensable malheureusement pour faire évoluer les pratiques privées comme publiques.

L'écologie à la carte, ceux sont des élu.es de l'opposition offusqué.es par l'incivilité de quelques-uns qui jettent leur détritus aux pieds des containers à poubelle qu'ils confondent volontairement comme une dégradation sur l'environnement. C'est accorder à un maire hors-la-loi la possibilité de commettre des actes délictueux en se terrant dans le silence et qui soutiennent des mini-décisions "écologiques" proposées par ce même élu et son cartel. C'est une malhonnêteté assumée en jouant "carte sous table"; si voter pour les contributions du cartel de Cap identifiées dans la transition écologique, phagocytée par cette droite dure, est la seule avancée probante, elle est alors bien maigre pour ces élu.es qui s'affichaient publiquement contestataires pendant la campagne municipale. Le sentiment qui domine alors est qu'ils soutiennent les choix de la majorité en donnant carte blanche à Dominique Cap sur ces questions environnementales, empêtrés qu'ils sont dans leur incohérence. 

Faire de l'écologie à la carte c'est faire de l'affichage, notamment en période électorale pour une campagne quelconque. Combien a-t-on vu s'insurger contre l'emploi des pesticides, la disparition de la biodiversité, être dépités face à l'accroissement des pollutions au plastique, mais ne jamais croiser ces mêmes confiscateurs d'une cause, dans la campagne de Plougastel pour interpeller les autorités préfectorales afin de demander le classement de la commune comme "site pollué" par les bâches plastiques agricoles abandonnées, une véritable calamité pour le milieu. 

Faire de l'écologie à la carte c'est promouvoir la qualité esthétique du littoral mais ne pas admettre que l'assainissement non collectif défectueux soit préjudiciable au milieu marin et aux eaux de baignade. Après tout, il ne faut pas froisser un contrevenant, ça reste un électeur. Faire de l'écologie à la carte c'est lancer l'anathème sur l'Abeillaud (David Derrien) parce qu'ils le considèrent péremptoire, isolé, perturbé voire harceleur et qui se présente contre les incontournables vrais défenseurs de l'environnement à Plougastel qu'ils se pensent être.

Faire de l'écologie c'est comprendre la nécessité d'agir radicalement et avec cohérence sur l'ensemble des leviers qui régissent ses fonctions essentielles et non pas d'en faire une forme d'alternance qui s'apparente à un manque d'incarnation. Finalement, faire de l'écologie à la carte ce n'est pas être écologiste.

samedi 27 novembre 2021

Pôle emploi contre la formation en langue bretonne

Témoignage de Luc1, 50 ans, finistérien, chômeur en fin de droits.

Au cours du printemps 2020, Luc, inscrit à Pôle emploi, entame des démarches pour suivre une formation diplômante ou qualifiante en langue bretonne auprès de l'agence de "Brest Marine". Comme l'exige Pôle Emploi, Luc doit se présenter physiquement afin de faire le point avec une conseillère qu'il ne reverra jamais. Après avoir repris les différentes expériences passées du demandeur d'emploi, précisant d'emblée qu'il déclinait toutes les offres en lien avec l'agriculture notamment le travail sous serres, la conseillère énumère avec Luc les différentes possibilités offertes pour le breton, même si sa préférence va pour une inscription à l'Université afin de poursuivre une licence complète. 


Actuellement l'offre de centres de formation qualifiante en langue bretonne pour adultes ne manque pas. L'un de ces centres de formation situé à Landerneau s'appelle "Stumdi". Fort de ses 35 ans d'existence, la réputation du centre n'est pas à remettre en cause, quand on voit le nombre de stagiaires qui le fréquente tous les ans et le soutien apporté par la région Bretagne. Sauf que la conseillère, qui doit se prononcer via les directives de sa hiérarchie, déconseille prudemment à Luc de s'inscrire à Stumdi car la possibilité de trouver un emploi à l'issue de la formation est mince. Sur quelles données se basent-ils pour soutenir un tel positionnement ? Ne sont-ils pas au service des desiderata des demandeurs qui aspirent à trouver un emploi conforme à leur volonté (plus qu'à leur cursus scolaire qui arrivait à un âge ne signifie plus grand chose), et non pas, à l'inverse, orienter leurs recherches vers des métiers sous qualifiés ou en pénurie chronique de main d'œuvre, corvéable selon les exigences des employeurs ?  

Selon la dernière étude de l'Observatoire de l'Office public de la langue bretonne, il existe près de 1300 emplois ETP2 (Equivalent Temps-Plein) nécessitant la maîtrise du breton aujourd'hui. La plupart de ces métiers ont trait à l'enseignement (près de 80 %), d'autres secteurs tendent à se développer tels que les médias et la gestion de structures et d'associations. De nouveaux postes sont à pourvoir dans le secteur de la petite enfance en lien avec la création de lieux d'accueil bilingues pour les tout-petits (source : office public de la langue bretonne). 

Avec 8 millions d'euro d'investissement de la région Bretagne dans la langue bretonne, le montant reste en deçà de 1% de son budget total de 2020. Il est évident que ça ne suffit pas à consolider et développer les différentes filières capables de proposer des métiers qualifiés. On se doute bien que l'offre d'emplois, et donc leur attractivité, exploserait si les investissements étaient à la hauteur de la nécessité de maintenir le breton, autant d'ailleurs dans le privé que dans le public. 

Même si le premier choix de Luc d'une formation universitaire se confirme, il reste néanmoins dubitatif quant à la position de Pôle emploi face à ceux qui forment les adultes à l'apprentissage de la langue bretonne. Il sera alors moins surpris de constater que sa demande de prise en charge du coût de formation par Pôle emploi obtiendra un avis défavorable, soulignant une forme de mépris envers ces acteurs de la langue bretonne. 

En parallèle, Pôle emploi continue d'adresser à Luc des annonces de formation dans le secteur de la production de tomates sous serres. Le marketing déployé pour le recrutement est offensif et favorise particulièrement cette activité, à lire leurs argumentaires du type : "Vous recherchez un emploi sans travailler les week-ends ? Vous aimez les produits locaux, vous avez le sens du respect de l'environnement ? Ce secteur d'activité est peut-être fait pour vous !!!", ou encore : "Les producteurs du bassin de Brest mettent un point d'honneur à respecter la nature au cœur de leurs activités." Il s'agirait presque d'une publicité intempestive, quasi mensongère, illustrée par de jolies photos de tomates industrielles. Luc songe à demander à Pôle emploi qu'ils cessent de lui envoyer ces annonces, non conformes à ses choix initiaux. En attendant, Il est facile de comprendre où se concentrent les efforts de recrutement de Pôle emploi sur le bassin brestois : vers plus d'emplois sous-qualifiés et non vers des métiers attrayants potentiellement innovants, à condition évidemment d'y mettre des moyens en les associant à une réelle volonté politique linguistique.

1 Le prénom a été changé pour garantir l'anonymat du témoin

2 Ce chiffre est contesté par la Coordination des travailleurs de la langue bretonne qui avance plutôt 1600 emplois répartis sur les cinq départements bretons


vendredi 19 novembre 2021

Comment l'Etat coule la pêche bretonne

Fidèle à son  histoire, l'Etat français a décidé de "baisser pavillon" devant le refus des britanniques d'octroyer des licences supplémentaires à des pêcheurs bretons, pourtant négociées lors des accords du Brexit. 

Pendant que les économistes nous ressassent que la pêche ne représente que 1 % du PIB européen, et qu'au fond il ne faudrait pas cristalliser les tensions sur ce seul désaccord, au risque de plomber d'autres volets des négociations, que la France après avoir bondé le torse, en menaçant les anglais de rétorsions économiques, se dérobe en proposant d'indemniser les navires bretons "bon pour la casse", c'est encore un secteur d'activité emblématique de la Bretagne que l'on sacrifie, tout autant l'Histoire qui lui est consacré, après bien des turbulences retentissantes du soulèvement de 1994, ou que l'on méprise comme l'a fait Nicolas Sarkozy lors d'une visite au Guilvinec en 2007.  

Cimetière de bateaux à Camaret

Les anglais, et à sa tête Boris Johnson, parviennent une nouvelle fois à obtenir gain de cause par un joli bras d'honneur adressé non seulement à la commission européenne mais aux Bretons eux-mêmes. Car ce n'est pas les seuls pêcheurs qui sont concernés, c'est toute la population bretonne, généralement si fière de ses pêcheurs, qui devrait se sentir en colère. En colère non seulement contre les anglais, peu scrupuleux, mais aussi contre les français, qui à l'image de ce qu'elle a fait subir à l'industrie, se désolidarise des pêcheurs que l'on mène vers une issue irréversible. Le président du conseil régional, Loig Chesnais-Girard l'a bien compris. Il prétendait d'ailleurs faire mieux que la ministre de la mer, Annick Girardin, en annonçant que "la Bretagne montre ses muscles". Le 01 octobre il déclarait : "Je veux que dans les 10 jours il y ait une réunion des trois régions (Bretagne, Normandie, Hauts-de-France), du gouvernement, de l'Union européenne face au Royaume-Uni et à Jersey pour définir et appliquer les règles." Il faut croire que seuls les goélands l'ont entendu à voir l'issue du rapport de force franco-anglais 1 mois plus tard; les navires jersiais pourront continuer à débarquer leur pêche dans les ports bretons sans être pénalisés. Les seuls qui le seront, sont ceux à qui l'on propose de détruire leur outil de travail, équipé certainement des dernières installations technologiques et obtenir en contrepartie une compensation financière qui démarrerait à 40 millions d'euro. 

Non seulement c'est un fiasco comme le tonnent les pêcheurs de St-Malo, mais c'est surtout une nouvelle aberration financière : détruire un outil de travail performant financé par de jeunes entrepreneurs pour qu'il soit compensé par la dette via l'Europe.... Entendons-nous les économistes libéraux sur ce point ? Eux qui soutiennent que les écologistes sont contre la technologie ? Non, il existe des écologistes bretons qui se nourrissent à partir des produits de la mer et qui par leur acte d'achat soutiennent la filière toute entière tant qu'elle s'adapte à ses obligations de respect des ressources et des méthodes artisanales de pêche,  en se dotant de moyens technologiques pour y parvenir s'il le faut. 

"La France a baissé son froc" a affirmé le président du comité des pêches des Côtes d'Armor, Alain Coudray. Certes. Mais si les Bretons doivent montrer les dents contre les britanniques, ce n'est pas en regardant vers Paris que les pêcheurs se feront respecter par leurs homologues anglais. Quant au président de la région Bretagne, il ne peut que se cacher derrière de l'affichage public car il sait l'impuissance d'un nain provincial dans le giron de la république française. S'il a en partie la main sur les ports bretons, il n'a pas la poigne, et pas grand chose dans le pantalon, pour s'opposer au revers des Anglais et à l'autorité de l'Etat. Il aurait peut-être déjà pu annoncer un boycott sur les produits de la mer en provenance de l'Angleterre félonne ? Si la France est fidèle à son histoire, la Bretagne aussi, coincée entre deux puissances qui la malmènent.



jeudi 11 novembre 2021

Montée des eaux. Quand Goulven deviendra Goulven-les-Bains

Montée des eaux. Quand Goulven deviendra Goulven-les-Bains ou comment le bourg sera englouti.

La vue la plus remarquable de la baie de Goulven est réservée à la colline de Plouider, d'une laideur sans équivoque, qui surplombe le bourg de Goulc'hen. Planquée entre les toits, se niche la flèche de l'église du XIème siècle. De ce panorama, elle perd de sa grandeur face à l'embouchure de la grève qui se moque d'elle par sa forme, nettement mise à son avantage dans une robe brunie par la végétation rase. Plus loin, de l'autre côté du bras de mer tortueux, se cale une des autres communes du pays Pagan, Plouneour-trez. On ne s'attarde pas car au creux de la vasière, l'extrémité de la langue des dunes de Keremma vient lécher la Manche toujours plus gourmande, à voir les premiers éboulis sableux dans les herbus. Sur la droite, en contrebas des prairies convoitées par le bétail, s'étale une roselière dense, stoppée nette par une ligne rectiligne témoignant de l'activité passée des hommes. 

En s'approchant de Goulven, l'église se dévoile maintenant pleinement. L'étalement urbain hideux a épargné cette paroisse léonarde, convoitée uniquement par la mer qui s'immisce sur la bordure côtière. Deux ou trois rangées de maison encerclent ce lieu de dévotion, si serrées qu'on eut l'impression qu'elles lui serviraient de remparts contre les éléments déchainés, le moment venu. Ce village semble avoir dérivé au gré des courants et avoir échoué dans un creux de dune. Une arche d'un autre temps ? Et si le déluge ne s'était pas encore annoncé ?  L'inspection du bourg est égale à ce que l'on ressent : les murs figés délavent les fenêtres blêmes. Le silence instinctivement, semble lui avoir déserté déjà face au péril encore invisible. Même le deuil, en ce jour de commémoration, a préféré déguerpir pour être célébré sur les hauteurs environnantes.

Pour l'instant, le badaud dans les dunes est fort à son aise. Tant de joggers soucieux de leur bien-être, tant d'ornithologues amateurs happés dans la recherche d'un oiseau d'exception. Tandis que les premiers dandinent sur les sentiers, les autres en vigie, scrutent avec leurs appareils télescopiques la frange de la roselière ou bien les chevelus de la vasière, sans se soucier, les uns comme les autres, de ce qu'il advient de leur lieu de loisirs. Car il ne faut pas attendre les prévisions dévastatrices de ce début de siècle pour mesurer les premiers dégâts occasionnés par la montée inéluctable des océans. A en croire la carte interactive conçue par l'Institut de recherche américain Climate Central (lien ci-dessous), le littoral breton sera profondément égratigné par la montée des eaux d'ici à 2100, avec une élévation progressive du niveau de la mer de 1 mètre. Cette projection n'est pas une prophétie biblique ni une vision burlesque d'un écologiste, elle est déjà tangible et bien visible quand elle s'effondre sous nos yeux. Et ce n'est pas un vulgaire cordon censé protéger la dune du piétinement humain qui endiguera ce phénomène; l'effacement des dunes ne viendra pas de la terre mais bien par la mer.



Ni le Conservatoire du littoral, propriétaire du site, qui se voyait comme le garant d'une nature sauvage préservée d'ici à 2050, ni la communauté de communes de la baie du Kernic qui en est le gestionnaire, ne pourront freiner l'ardeur d'une mer à jamais étal, jusqu'aux premières encablures de Goulven. Mais l'érosion dunaire ne sera pas la seule modification notable de la côte bretonne. Les réseaux routiers seront avalés. Les propriétaires d'habitats côtiers érigés dans l'avidité de s'octroyer un bout de mer, privilégiés par la capacité financière de leur famille, verront leurs biens se dévaluaient quand les vagues s'abattront, encore et encore, sur leurs toits délavés, troués par la puissance de tempêtes toujours plus ravageuses. En l'absence d'occupants ce sont les embruns qui s'inviteront dans les salons. Salinant les meubles, souillant les lits, ils grignoteront le portrait décrépi de leurs aïeuls. C'est une anomalie clinique que d'avoir autorisé à la construction sur le front maritime breton.

Le plus insolite dans tout ça, est que l'homme ingénieux Louis Rousseau avait déjà modifié au 18ème siècle les caractéristiques de la baie de Goulven en comblant 500 ha de marais inondables pour en faire de bonnes terres agricoles (comme si le Léon en manquait...). C'est ainsi que la digue sert de barrage aux marées montantes mais sera bien fragile et désuète devant les déferlantes futures, résultantes elles aussi des activités humaines.  A la décharge de Monsieur Rousseau, qui ne pouvait pas s'appesantir sur l'impact de ses décisions quelques centaines d'années plus tard, nous, nous savons ce qui se passe et ce qui se passera. Et que faisons-nous ? Et bien Nous continuons à nous aveugler dans l'horizon de nos jumelles et à lorgner nos chaussures de sport, en attendant de voir l'anse du Kernic se transformer en ilot. Tout comme le bourg de Goulven qui gouttera aux joies de baignades glaciales et océaniques. Ses murs finiront par s'affaisser, telle la ville d'Ys en son temps. Et si Goulven-les-Bains n'était pas un mythe mais une prédiction ?

https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/montee-des-eaux/carte-monteedeseaux-votre-ville-ou-votre-plage-sont-elles-menacees-par-le-rechauffement-climatique_4205309.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3Sec8Uep3O_Ajf6aQ4zWg0ejOifgz_NHwvv-Hc6rixIc61h8BY1xAwA40#Echobox=1635348954-5

dimanche 31 octobre 2021

Au coin du cimetière

J'ai cloué un cimetière dans mon salon. Il n'a pas d'enclos ni de murs hauts, et pas vraiment de cadavres. Aucun craillement de gravillons ni de vils voyeurs ni d'oiseaux de mauvaises augures grimés derrière des chrysanthèmes. Surtout pas. Le mien est perpétuellement visitable et s'expose à mes regards fugaces, à mes souvenirs doués pour la mélancolie. Il est silencieux et n'est pas encombré par de funestes apparats.

Les tombes sont des fenêtres sur leurs visages, à tout jamais blanchis sur le papier. Seule, une plaque fine et transparente nous sépare et je pourrais presque toucher de la main leurs vêtements démodés, salis par la poussière ou leurs cheveux rabougris par la pâleur du soleil. Mes visites sentent le printemps mais de préférence l'automne. Les feuilles blafardes, piétinées par la pluie, ou cramoisies par le vent, ont tout d'un linceul.

Il se dégage de ce cimetière des odeurs de tendresses familiales, des effluves d'amour amical. Il est sain d'être aimé et de pouvoir aimer à en mourir, de sentir l'accolade d'un ami ou les baisers de mémé quel que soit son prénom, Marie-Véronique comme Eldegarde; je ressens encore sur moi l'attention de leurs yeux qui laissaient échapper des frissons affectueux. Mon dieu... Papa... Pourquoi partir si tôt ? Marc et Thierry pouvaient attendre encore un peu... Mourir à l'âge canonique de Pierre ou même de pépé François n'est pas un fardeau.

Le cimetière m'a concédé temporairement 5 cadres avec 7 défunts empaquetés. Car l'effroi me saisit déjà à l'idée d'élargir sa concession en calfeutrant de nouveaux portraits. Jusqu'à ce que, à mon tour, je vienne m'allonger auprès d'eux. Alors, je ne sentirai plus les fleurs du printemps ni les feuilles d'automne mais de nouveau les bras de ma mère, ceux sa mère avant elle et puis les mains de celles que l'on n'a pas connu. 

Après que la mort ait agrippé ma carcasse, restera-t'il quelqu'un pour venir me voir au coin du cimetière ?


vendredi 29 octobre 2021

"Demeter" j'ai gouté, c'est délétère


Septembre 2020, Plougastel-Daoulas, récit inspiré de faits réels.

"Allo ! David ? C'est Vincent Esnault,
- Ah ! Salut Vincent, comment vas-tu ?"
Vincent Esnault est l'un des rares adhérents d'EELV, élu à Fouesnant, que j'apprécie pour son engagement sincère, ses actions concrètes et son franc-parler. Avec "A quoi ça serre" nous l'avions invité en 2018 pour qu'il évoque la loi Littoral lors d'une soirée-débat en compagnie d'un avocat spécialisé sur le sujet.
"Dis moi, j'ai mon collègue de Plougastel qui m'a parlé d'un truc qui se passait avec des extensions de serres et l'effacement de parcelles par un remblai et j'ai vu la publication de ta photo (ci-dessous). Est-ce que tu sais de quoi il s'agit ?
- Oui, je suppose que ton ami a évoqué la situation des extensions de serres de la famille Le Bot à Breilez,
- Je suis à Plougastel la semaine prochaine, tu pourrais me montrer ?
- Oui bien-sur. On confirme ton passage ?
- D'accord, bye !
- A bientôt."
Chantier du remblai. L'arbre a fini par être abattu

Quelques jours plus tard, nous finalisons le rendez-vous sur les réseaux sociaux, en mode public. Echanges : 

Comme convenu nous nous retrouvons sur le parking, je convie pour l'occasion un autre adhérent d"A quoi ça serre". Avec Franck O. nous expliquons à Vincent le cas des serres "Le Bot". Ces serristes, producteurs industriels de fraises en hors-sol, sont l'exemple même d'une dérive litigieuse, en amassant des terres excavées probablement polluées, provenant du site de la nouvelle école publique "Mona Ozouf". Une terre qui aurait dû être entreposée sur un site spécifique, mais qu'"on" a préféré acheminer sur une parcelle par un ballet incessant de camions-bennes dans des ruelles de villages, dont les largeurs sont inadaptées au gabarit des engins. Ces manœuvres sont donc faites en toute illégalité, à la convenance des serristes. L'opacité reste une règle dans des chantiers municipaux à Plougastel. C'est ce que l'on pourrait qualifier de "petits arrangements entre amis". 
Je propose de servir de chauffeur dans une AX qui ne passe pas inaperçu. Comme la fourgonnette de la gendarmerie que je finis par distinguer dans le rétro. Je comprends quand je tourne à droite dans la ruelle qui descend au village de breilez, que la gendarmerie nous piste. J'en informe mes passagers quelque peu sidérés. Nous avions en effet prévu qu'une visite de terrain, sans pénétrer sur les parcelles visées, sachant que le chantier en cours est visible de la route et plus particulièrement d'un sentier communal que les serristes avaient tout de même tenté d'effacer en le privatisant. 
Je me gare sur le bas côté à l'entrée du site. Les gendarmes font de même. Je sors : "Bonjour, c'est pour quoi ? demandais-je peu crédule,
"Vous savez pour quoi, me répond un gendarme passablement agacé,
- Ah non je ne vois pas pour quoi". Ce que l'on finit par voir par contre c'est l'attroupement qui vient de se former autour de nous : les 3 gendarmes et la famille Le Bot, dont le patriarcat et les fils qui sortent soudainement de nulle part.
S'en suit une série d'échanges infructueux, de propos grotesques et d'attitudes nerveuses. Mes camarades préfèrent vainement discuter avec les serristes pendant que je m'exerce à freiner l'ardeur des assauts du père Le Bot. "Moi aussi je vais venir prendre des photos chez toi ! Oh ben t'as qu'à venir j'habite dans un immeuble". "Garde la distance physique, t'approche pas de moi Le Bot !" (mesures sanitaires obligent). Ce n'est pas la première fois que j'ai affaire à ce genre d'énergumènes, je finis par me lasser. Un gendarme s'approche avec un carnet : "Votre identité s'il vous plait ? Vous la connaissez déjà". "Pourquoi êtes-vous ici ? Je me promène." Fermer le ban. Ils ne peuvent rien entreprendre, nous sommes restés sur la voie publique, sachant que la loi ne condamne pas l'accès à une parcelle qualifiée de privée.
Le retour jusqu'au parking du Super _ nous permet de faire le point. Déjà on relève que mes publications sont épiées, puis que nous avons été suivis à partir de notre point de départ. Inquiétant tout de même que des gendarmes se mobilisent activement dans ce cas de figure (et sur ordre de qui ?)  alors que lorsqu'il s'agit d'enquêter suite à ma plainte pour détérioration volontaire de matériel professionnel, la plainte est archivée et que dans certaines situations dénoncées par "A quoi ça serre", les gendarmes semblent décidés à faire le strict minimum.
Par contre quand il s'agit d'appliquer à la lettre voire à la marge comme cette fois-ci (ce qui nous interroge donc sur les abus de pouvoir et sur leur volonté d'intimidations) le dispositif de la cellule "Demeter" conventionnée entre la Fnsea et l'Etat, est exécuté avec zèle. Car en effet à aucun moment les agriculteurs se sont retrouvés dans une situation d'insécurité manifeste. Je peux donc conclure à un abus de pouvoir qui en dit long sur l'ambiance délétère, dégradée à cause de ce type d'agissements préoccupants et qui piétinent notre droit à l'information citoyenne. En fin de compte je reste sidéré de voir la gendarmerie, et par voie de conséquence l'Etat français, protéger de probables pollueurs et nous faire passer pour de véritables délinquants.

de g. à d., Vincent Esnault et David Derrien

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L’émancipation des esclaves noirs aux États-Unis : un exemple en trompe-l’œil. Part. 4

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