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La vie file, ne s'accroche à rien et surtout pas à l'avenir

mardi 27 mai 2025

"Il fait toujours beau à Plougastel" soutient les Palestiniens

L'association "Il fait toujours beau à Plougatel" s'associe à la mobilisation internationale et pacifique en soutien aux populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie.  Anna, David, Nathalie.

Le drapeau sera visible dorénavant sur la parcelle tant que l'aide humanitaire restera empêchée à l'entrée de la bande de Gaza et que l'agression génocidaire israëlienne continuera. 














A titre personnel, j'ai une pensée pour les hommes de Gaza qui sont pris en étau entre les bombardements israëliens et le groupe terroriste du Hamas contre lequel ils manifestent leur opposition en réclamant la fin des hostilités et pour les agriculteurs de Cisjordanie, victimes de spoliation de leurs terres par les colons juifs, avec l'assentiment de l'Armée et de l'Etat d'Israël.



mardi 20 mai 2025

La décroissance contrée par la démesure

Nombre d'experts indépendants le répètent : une croissance infinie dans un monde, physiquement et géologiquement fini, est impossible. Or nos sociétés occidentales, partisanes de la mondialisation à travers une consommation matérielle et immatérielle, toujours plus frénétique, entraînant derrière elles les continents émergents, s'emploient à explorer encore plus loin les limites de la démesure. Aucun domaine qu'il soit dans le secteur des biens (produits manufacturés, transformés, militarisés, capitalisés,...), celui des services (notamment dans le divertissement, le transport et la technologie) ou bien même dans la sphère comportementale, ne sont exempts dans leur responsabilité à se profaner devant le capitalisme. Pour illustrer cet antagonisme entre décroissance et démesure, on se contentera d'aborder dans cet article un seul domaine, celui du divertissement parce que la démesure s'enfonce partout.

Espace Avel vor, Plougastel-Daoulas (29)

Combien ont été interpellés par le montant des ventes des droits artistiques de Bruce Springsteen à Sony production en 2021 ? Sans que les deux parties aient confirmé, ni infirmé, la somme dévoilée par la presse, on estime à 500 millions de dollars la cessation de ces droits. 500 millions de dollars. Sans retirer à l'artiste le talent qui est le sien, ni remettre en cause son travail, sa résonance et son héritage dans la musique-monde, ni même son ambition à amoindrir la misère sur l'humanité, est-ce qu'il existe un seul argument pour expliquer ce montant astronomique ? Son seul talent ne pourrait l'expliquer, ni même son charisme qui viendrait chambouler certaines âmes sensibles que l'on mesurerait ensuite au nombre de zéros sur le chèque. Si on retirait un zéro au chèque, son talent serait-il davantage dégradé, dévalué ? Il est à supposer que non, et même pour un américain qui se consume dans le business. A n'en pas douter, le "Boss" assure ainsi à ses proches et à ses descendants la garantie de se maintenir dans une élite, à part de l'humanité qui, elle, subjuguée devant tant de zéros, se concilierait avec le phénomène délétère de tenter d'atteindre les mêmes horizons démesurés. 

En attendant, et si elle en a les moyens, cette humanité danse. Elle danse par millions à travers une planète bétonnée et polluée, sur des champs de batailles et dans des champs squattés. Elle danse de façon exponentielle, à travers une multitude de styles musicaux, à travers une offre plétorique de concerts gigantesques, de festivals de musique toujours plus consommateurs d'événements à la hauteur de leur réputation, une hauteur qui doit, d'une décennie sur l'autre, toujours être surélevée afin de maintenir un écosystème économique viable. Pour y parvenir, il faut dévorer toujours plus d'espace, toujours plus d'énergie et de moyens à l'expansion, toujours être compétitif et lorgner sur la concurrence régionale. Combien de zéros faut-il sur le chèque pour attirer un artiste ou un groupe de renom ? Peu importe, on décortiquera les comptes demain avec l'expert-comptable. Ce qui compte c'est de divertir davantage le fan et la groupie, pour que tous les deux se trémoussent et en aient pour leur argent, l'objectif étant d'accaparer toujours plus de fans et de groupies pour équilibrer les finances. On ne bat pas que la mesure, on bat avant tout des records de fréquentation, de vocalises, d'éclairage et d'effets spéciaux. 

Depuis les années 60 et l'apparition des concerts de masse, le phénomène pour le moins maîtrisé dans sa proportion (un rassemblement comme Woodstock fait exception puisque devenu historique), si au début attirait une jeunesse désireuse de se débarrasser du carcan conservateur et réactionnaire de leurs aieuls, d'une société de l'ennui perpétuel dans le travail et le repos dominical, pour le moins se mobilisant contre la guerre du Vietnam, 1/2 siècle plus tard, ce n'est plus le cas. On ne danse plus pour s'opposer par réaction, on ne danse encore moins par tradition, pour un rituel en lien avec les saisons et les greniers bien grenés, dans une communauté restreinte soulageant les corps dans une euphorie commune qui ajournait l'épuisement. On danse au 21ème siècle, de façon démesurée, pour consommer du spectacle et pour soulager des frustrations que des stars égocentrées soulagent en exhibant leur lumière extra, leurs tenues stylées et leurs magnifiques cylindrées, entourées de femmes toujours plus fantasmées, wesh ! 

Dans les années 80, les artistes mondiaux réussissaient à faire danser les foules dans le but de les mobiliser contre la famine en Ethiopie (Liv aid) et contre la pauvreté en France, à l'exemple du concert des "Enfoirés" conçu par Coluche en 1985. En 2025, combien d'artistes mondiaux se sont réunis pour organiser des concerts contre les terrorismes d'Etat et l'excès d'usage de la force et de la répression (Iran, Russie, Afghanistan, Biélorussie,...) ? Contre le fascisme qui défile dans les rues et les dictateurs qui se congratulent avec outrance ? Combien d'artistes ont fait danser en soutien aux populations de Gaza ? Du Soudan ? De Dniepr ? Les revendications s'affichent maintenant à l'Eurovision. 

Pour démocratiser la société du spectacle, les années 90 marquent un tournant. En France, chaque village bâtissait sa salle des fêtes, où l'on assistait au concert de Miossec, à ses débuts, lors d'une beuverie à Plouénan (29). Les bals musettes, avec le vieillissement des populations, y ont trouvé un refuge démultiplicateur pour satisfaire ces septuagénaires en recherche d'un souffle éternel. En Bretagne, le nombre de festoù noz organisés par le club de football local ou les Partis politiques en quête de célébrité était croissant. Les danses bretonnes étaient à l'honneur et s'étalaient devant des touristes médusés de découvrir un tel patrimoine. Dans ces instants, persistait pourtant une chaleur humaine qui transpirait sous les chemises, une convivialité de groupes restreints qui se transmettait de visage en visage. On avait la possibilité de serrer la main d'une inconnue sans qu'elle ait à se soucier d'alibis crapuleux. Et puis d'autres venaient danser puisqu'en parfaite vibration avec leur identité bretonne. Néanmoins, on s'aperçoit aujourd'hui qu'une salle des fêtes (plutôt multifonctionnelle) peut s'avèrer être un équipement démesuré pour des petites communes quand leur amortissement comptable doit supporter le désintérêt des lieux, en inadéquation avec les offres culturelles, hormis pour le loto annuel. Même Miossec ne vient plus à Plouénan. 

Au début du second millénaire, pour les communes les mieux loties pour l'investissement comme à Plougastel-Daoulas, la municipalité construisit, il y a 20 ans, non pas une salle des fêtes mais une salle de spectacle, l'Avel vor. Ce bâtiment, où se produisent d'innombrables divertisseurs, parce qu'il faut bien compenser les charges, prévoir l'entretien, sans oublier les obligations patronales de l'employeur, est vorace en espace, en matériaux et est particulièrement énergivore. L'intérêt général en a-t-il tiré un bénéfice vertueux ? A moins de débourser plusieurs dizaines d'euros, il faut croire que non. Eu égard à la taille de la commune (13 000 hab.), il aurait été plus avisé de réduire la superficie d'un tel édifice, mais la démesure est une marque de fabrique chez les personnes atteintes de mégalomanie*.

Quant à moi, adepte de la décroissance, je mesure à quel point le chemin à parcourir pour s'extirper d'un service culturel capitaliste (à 6 euro d'abonnement par mois. J'ai réussi à bloquer la publicité grâce à uBlock) comprend quelques assouplissements, quelques dérogations que j'admets  contradictoires mais admissibles en soupesant les contreparties de préservation de l'environnement sur une parcelle de 5000 m2 et de mon action dans le rôle de captage de CO2 sur une autre parcelle de 4000 m2. Enfin, pour la danse, c'est réglé depuis que mes genoux sont en vrac. Les loups iront danser ailleurs. 

 *Hebergée à l'Avel vor, l'association socio-culturelle de la commune peine à trouver des locaux adaptés à leur activité, la mairie ne répondant pas favorablement à leur attente depuis plusieurs années. C'est ce que l'on appelle la politique du "deux poids deux mesures".


lundi 12 mai 2025

Les naufragés de kermi - Extrait - La salubrité parfaite

 


Sous prétexte de pénurie de logements, il fut décidé, lors du conseil municipal de Saint-Pol-de-Leon, le dimanche 21 août 1921, sous l’égide du maire, le Comte de Guébriant, la construction de « logements ouvriers à bon marché », au lieu-dit « Creac’h Mikael », ancien lieu saint, transformé en dépotoir. A contrario, aurait-il fallu s’orienter vers une décision aussi scélérate ? Sous couvert, de la part des notables de la commune, d’un acte charitable, quoique sujet à l’augmentation du coût des travaux et de la main d’œuvre, n’y aurait-on pas camouflé une décision plus manichéenne de maintenir une population avec leur harde, peu éduquée, quasiment illettrée, coincée dans une langue bretonne à sabots, assujettie à des petits métiers ? Suffisants, tout juste, à justifier leurs existences, mais néanmoins si spécifiques au maintien d’une caste ô combien souveraine.

Enclavé et esquiché dans un triangle, entres les routes de « Sieck » au sud, de « Santec » au nord, et des rails à l’ouest qui partaient vers Roscoff d’un côté, de l’autre rejoignaient la gare de Saint-Pol-de-Léon avant de disparaître dans l’arrière pays morlaisien, le quartier comprenait dès 1924 un total de 12 maisons. Elles se répartissaient à part égale sur 2 pans parfaitement rectilignes, soit la partie du « haut », du n° 30 au n° 40, puisque exposée sur la ligne la plus élevée de la butte, et celle du « bas », du n° 10 au n° 20, qui s’alignaient au ras de la route de « Sieck ». Si le principe, non dévoilé dans un procès verbal municipal, résidait dans le fait de repousser à la périphérie la plus excentrée du centre ville, le nouvel aménagement, le passant, qui plus est étranger, aurait été étonné de noter qu’il s’accrochait sur un promontoire. Dépourvu de végétation, il ne pouvait être ignoré du regard, d'autant qu'à l’avant s’inclinait une pente douce où pullulaient les petites parcelles, traversées et quadrillées par des talus affaissés que se disputaient des raidillons clandestins. 

Au visiteur de passage ou de hasard, à partir de la route qui grimpait vers Roscoff, le soin de lorgner, maintes fois et longuement sur une saillie urbaine. À force d'incessantes désapprobations mondaines, les façades de ces maisons se détérioraient, lesquelles finissaient par avoir leur aspect roussi aussitôt placées sous l’axe du levant. Si le voyageur avait auparavant sillonné le Haut-Léon, nul lieu à la ronde ne venait lui remémorer une tel ouvrage, le conservateur léonard n’étant pas de surcroît réputé pour entreprendre un quelconque échappatoire à sa monotonie architecturale et briser des siècles de sédimentation granitique, calfeutrée dans les flèches de la Cathédrale et l’église du Kreisker. Avec ce type d’habitat, on frôlait l’indécence sociale. Ailleurs dans d’autres misères caillouteuses, dissimulée sous quelques baobabs, on l’aurait nommé une case ou bien, plus à l’est, une isba, piteusement décrite par Dostoïevski, végétant sous un amas de neige. On entretenait l’infamie de classes pour justifier la réputation d’une prospérité discrète, surtout si on y logeait des « petites gens », censées pourtant être dissimulées. Tout au contraire, on infligeait à la vision panoramique une attraction nuisant à la promotion de la robustesse du patrimoine saint-politain. Avaient-ils nécessité à exposer leur domination sur les plus démunis dans cette forme d’exclusion ? Cependant, l’essentiel fut préservé, sinon évité : le fronton de mer se faufilant du domaine des « De Guébriant » jusqu’à la crique de la grève du Mans, immergeant pleinement dans la rade de Morlaix, aurait pour unique destination l’émergence majestueuse de demeures de caractères, rivalisant avec celles de l’autre rive, à Carantec.

Chaque maison, de deux étages et d’un grenier à vocation de stockage des sacs de 50 kg de charbon et des pommes de terre étalées à même le plancher et consommées dans l’année, où l’on accédait par un escalier en forme de colimaçon, était étroitement proportionnée pour accueillir entre trois et quatre familles. Nul ne savait exactement comment étaient attribués les logements partagés entre le locatif et le privé. En fonction des nécessités ? Sur recommandation ? Avec l’appui d’un quelconque commanditaire ? Les promoteurs du projet ne les avaient intentionnellement pas valorisés par de superficielles coquetteries. Il fallait œuvrer à un objectif écru, dans le but de limiter les coûts des travaux, tout au plus, louer une superficie de 20 m2 divisée en deux pièces dans une nudité imposée, laissant aux locataires le rôle d’aménager sommairement leur intérieur, dans le cas où leurs revenus le permettraient. Au demeurant, très peu possédait un vaisselier comme Katarine Le Doll. Dans plusieurs endroits, l'espace se trouvait encombré par de grands lits pour les enfants, disposés dans la cuisine et dans le salon pour les adultes, quand cela paraissait envisageable. L’intimité, un état dérisoire quand on supposait la promiscuité des habitants, se camouflait et s’exerçait muette derrière de larges rideaux. Un mur extérieur de pierres grossièrement taillées fricotait avec un autre mur réalisé à partir de briques rouges, le tout recouvert d’un plâtre grossier sur le verso et d’un crépi épais, qui couvrait le recto des logements. A quel moment la mairie avait-elle manœuvré, en supposant qu’elle visait cet objectif, pour ne pas se conformer aux données initiales, arrêtées et rédigées pourtant par elle ? « Salubrité parfaite, adaptation aux besoins et coutumes des familles ouvrières de la région » pouvait-on lire dans le compte-rendu du dimanche 21 août 1921.

Au fil du temps, des plaques de bois, type « isorel », à l’initiative des loueurs, furent appliquées contre les parois en masquant le revêtement d’origine, dépenses exclusivement supportées par ces derniers. Pour l’éclairage, de hautes fenêtres favorisaient le passage de la lumière, tout aussi sûrement que le givre que l’on ne parvenait difficilement à contraindre à l’éviction. Seule la cuisinière servait de bouclier, au cours d’une journée algide, à juguler ses pincements insidieux, quand les températures dégringolaient au-delà du supportable. Après plusieurs décennies d’occupation, la première amélioration notable, vécue par la première génération dans laquelle s’encaquèrent Hervé Derrien et Marie Goasdu, fut l’arrivée de l’électricité, dans des lieux régulièrement abandonnés au clair-obscur. Certes avec parcimonie, à Saint-Pol-de-Léon on avait le goût de la méthode et de la sobriété, surtout à destination de populations connues pour le peu de cas qu’ils faisaient pour des revendications à l’accès à la propreté et qui, de toute façon, n’en demandaient pas tant. L’appareillage qui suivit, se limitait à un interrupteur et une ampoule suspendue par pièce, de quoi prétendre, s’il fallait en douter, que chaque saint-politain pouvait profiter des progrès de la distribution et à l’approvisionnement en électricité. En évoquant le « progrès », on obtura les trous qui servaient de toilettes, à l’arrière de chaque maison, de façon à construire au milieu du quartier, un bloc central de WC « turcs », commun à tous les locataires, dont un côté pour les hommes, un autre réservé aux femmes. Toutefois, au tout début des années 60, les conditions minimales de confort, comme l’accès à l’eau courante et l’installation du chauffage central n’obtenaient toujours pas les faveurs du bailleur municipal. On devait donc s’échiner à chauffer l’espace et les corps grâce à la cuisinière et récupérer de l’eau aux deux pompes publiques, l’une installée à l’angle de la rue Corre, la seconde en fonction, en face du n° 30.


mercredi 7 mai 2025

Je vous annonce le dessin de Dominique

Vous trouverez ci-dessous la panoplie presque complète de dessins de Dominique Legeard (décédé le 01 mai dernier) au sujet de dédé l'Abeillaud.

Dominique n'était pas connu pour rendre dans les temps son travail. Je n'ai sais pas pourquoi, et je ne lui ai jamais posé la question, mais mon personnage de l'Abeillaud l'inspira fortement. Je fus submergé et ému par la pollinisation de dessins qu'il fit (et même de texte), en lien avec mon inspiration de départ.

Jusqu'au dernier moment, et même si nous n'étions pas amis (au sens commun du terme), nous étions toujours en lien. Je crois que c'est parfois plus fort que le reste. IL m'a aidé à vivre.


















L’émancipation des esclaves noirs aux États-Unis : un exemple en trompe-l’œil. Part. 4

L'émancipation. Intro et première partie : naître à soi-même https://dderrien.blogspot.com/2025/10/lemancipation-intro-et-premiere-parti...