Au lendemain de l'allocution disproportionnée du Chef des armées de la République française, l'excessif dramaturge Emmanuel Macron, à propos des logiques d'augmentation du budget des Armées, le 14 juillet, jour de fête militaire pour les patriotes, est un merveilleux jour pour affirmer que l'Etat ne pourra pas compter sur la mobilisation et l'adhésion de tous les Français. Et sans les représenter ni être leur porte-voix, sur celles des Anarchistes, réfractaires à l'armement massif des pays.
Ensuite, le Chef de l'Etat souligne "La permanence d'une menace russe aux frontières de l'Europe." Incontestablement, les velléités guerrières de Poutine "préparées, organisées, durables", pèsent sur l'existence des peuples de l'est de l'Europe et que très certainement l'Ukraine s'oppose héroiquement aux coups de boutoir russes en lieu et place des pays de l'ouest du même continent. Mais si le soutien armé apporté aux civils ukrainiens en uniforme est existentiel pour un pays qui a vu naître Makhno, ne fallait-il pas, en l'état actuel des circonstances, un engagement proportionné et provisoire contre l'agression russe ? La fabrication de l'obusier "Caesar" et des obus de 155 mm compatibles avec l'armement à la disposition des ukrainiens, à seule destination de leur défense, ne répond-t-elle pas, de façon maîtrisée, à un conflit qui ne doit pas s'étendre au-delà du confin des oblasts de l'est de l'Ukraine ? A priori, non, car l'industrie de l'armement a toujours besoin de plus de croissance pour assurer une économie pérenne pour son industrie, rentable pour ses investisseurs (la France est la seconde nation exportatrice d'armes dans le monde) et que l'armée française, même si elle reste une grande muette, est nostalgique de sa militarisation antérieure à grande échelle. Pendant plusieurs décennies, les Etats-majors ont fait le dos rond en voyant leur arsenal diminué. Avec la guerre en Ukraine, basé sur ce prétexte injustifié, il est venu le temps de rouvrir des casernes ! On a besoin de "gros effectifs" pour gonfler les cimetières militaires. Nécessité ne fait pas loi, à moins qu'ils préparent l'opinion publique à l'expédition de troupes à l'extérieur de la France.
En évoquant l'armée, un discours très récent, tenu par d'anciens officiers ou des commentateurs confortablement installés sur leur siège, entendu sur les plateaux de chaînes d'informations en continu, commence à émerger : celui de la légitimité qui viendrait supplanter la légalité. Autrement dit, le droit international sur la guerre pourrait être ignoré ou écarté quand la supposée menace nuirait à des intérêts vitaux. Ce discours est à surveiller de près parce qu'il viendrait s'ajouter à la panoplie des arguments de l'extrême droite pour affirmer un Etat toujours plus autoritaire, déjà parce qu'il est mis en application par Israël, pays prétendument démocratique, avec son opération militaire spéciale dans la bande de Gaza*.
A vrai dire, tout ceci réside dans la seule volonté de renforcer l'image auprès de l'étranger d'une puissance militaire qui s'est affaissée autant dans ses effectifs et ses moyens, qu'à travers même ses derniers théâtres d'intervention comme au Mali. Parce que en quoi est justifié le nouvel effort budgétaire de l'armée quand la France dispose de la dissuasion nucléaire ? Sur terre comme en mer ? Ce dispositif stratégique, et même si on peut se positionner contre sa légitimité gaulienne, suffit à annihiler toutes tentatives d'agressions militaires, même russes (coût estimé de la dissuasion : 5 Milliards/an).
Il n'est pas de hasard quand la priorité pour les Anarchistes réside dans l'anéantissement du capitalisme (y compris de sa branche de l'armement). Pour la simple et bonne raison que l'écroulement de ce système prédateur viendrait égruger la pauvreté qui elle aussi augmente en France (plus de 10 millions de personnes en métropole, hors Dom-Tom) sans contre-mesures efficaces : quand avons-nous entendu pour la dernière fois les dirigeants politiques français s'exprimer sur ce sujet et instaurer un plan Marshall ? Eradiquer la misère, c'est éradiquer la guerre.
Non, M. le Président, vous ne pourrez pas compter sur nous, car jamais l'Anarchie cédera à la tentation dévastatrice de la militarisation d'une société. Non, M. Le Président, pour être libre, il ne faut pas être craint, il faut être aimé.
* Les standards internationaux proclament que la guerre est la confrontation entre deux ou plusieurs armées. D'après moi, le Hamas n'est pas une armée "conventionnelle". C'est une organisation politique et religieuse armée. C'est un groupe terroriste. Il n'y a pas de guerre à Gaza, plutôt un acte d'extérmination volontaire, en utilisant par exemple la famine comme moyen de pression ignoble, qui s'apparente à un génocide. Il est également difficile pour moi d'écarter l'avis que le Hamas utilisait la population gazaouie comme bouclier humain.
Images : facebook "socialisme libertaire" et collectif régional anti-armement et militarisme



Je doute qu'il soit organisé un referendum sur ce sujet, entre autres ! Michel M.
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