Avec les "Editions des montagnes noires". Auteur : David DERRIEN
Auteur de biographies et du recueil "Les fables environnementales"
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| Format 14x21 cm. 13 euro |
Résumé
De la soue où elle est séquestrée, Euphrasine Le Menn écrit sur les évènements qui ont amené sa famille à la réduire à l’état de bête. Plongeant dans un Léon toujours grégaire, en proie aux préceptes de l’église, le destin de cette jeune paysanne bretonne a comme toile de fond la déflagration de la 1ere Guerre Mondiale. Enceinte de son amant Jacques Kerdoncuff, dès lors écartée pour hérésie, parviendra-t-elle grâce à l’écriture à surmonter une épreuve inhumaine, imposée par l’excès de dévotion de sa grand-mère et la brutalité de son père ? « J’ai mis un terme à mes lamentations car cela froissait ma souffrance et la rendait inaudible. Ce qui m’empêchait d’écrire », inscrivit Euphrasine Le Menn dans son cahier scolaire.
Inspiré de faits réels.
Frais d'expédition 4,70. Merci d'adresser un réglement par chèque de 17,70 à l'ordre de David Derrien au 36 rue de cornouaille - 29470 Plougastel-Daoulas. Contact : disentus@gmail.com
Avis
« Avec ce livre, David Derrien rentre dans l’histoire de la littérature bretonne avec honneur. Belle narration biographique.» Fatia Folgalvez, militante bretonne avec une carrière de professeure au lycée Diwan à Carhaix.
" Terrifiant et beau." Michel, correcteur et professeur d'histoire à la retraite.
« Belle description réaliste et subtile de la rudesse de nos campagnes bretonnes.» A. Larhantec-Bellour. Eleveuse de bovins en AB. Bretonnante. Lanneanou.
"Je suis sûre que vous trouverez l'éditeur qu'il vous faut. Votre manuscrit le mérite." Éditions Lunatique
"Texte très intéressant." Éditions Goater
Bio
Autodidacte, saint-politain d’origine, David Derrien concrétise avec ce premier ouvrage 12 années d’écriture en lien avec l’écologie, la politique locale et sa vision d’une Bretagne indépendante et libertaire. Le sujet de la condition de la femme face à la religion ne s’éloigne pas de ces engagements sachant qu’il reste d’actualité. Ses passages dans les milieux culturel et politique breton depuis 30 ans font de lui un observateur attentif et atypique de son pays, porté par une réelle liberté d’opinions et d’agissements.
Disponible mi-mars en librairie ou déjà sur le site des Editions des montagnes noires https://edmontagnesnoires.weebly.com/ et https://edmontagnesnoires.weebly.com/bon-de-commande.html
Extrait
À force d’immobilité dans la soue, Euphrasine
ressentait le froid comme jamais. Pour écrire, elle soufflait à intervalle
irrégulier dans ses mains ou les placer sous les aisselles le temps de les
réchauffer. Puis elle reprenait le cours de son récit là où sa mémoire l’avait
guidé. « À Lesvenez, tu m’avais
invitée à une balade dans les chemins creux menant dans le vallon près de la
ferme. Nous avions dû enjamber le cours d’eau, lequel courait les plaines et
pour me faciliter le gué tu m’avais pris la main. Tu te sentais navré de
m’avoir entraîné dans des ornières gonflées par l’eau de pluie qui, assoupie,
stagnait avant d’être épongée par le sol. C’est vrai que ça n’a pas été très
pratique de patauger dans les flaques avec les sabots ! Au fond je n’en avais cure car nos
conversations suffisaient à faire oublier les désagréments d’une promenade de
fin d’automne où le ciel d’une couleur ardoisée nous cachait des regards. Tu
m’écoutais assidûment te relater les scènes du roman de Jules Verne, et plus tu
m’écoutais, plus j’étais bavarde. Je crois que je ne me suis jamais autant
livrée à une personne. Bien sûr que je fus contente de faire la connaissance de
ton père, ainsi que de tes frères, paraissant plus disposés que ta mère à me faciliter
le séjour chez vous, mais ce n’était évidemment en rien comparable avec le
désir de te voir à nouveau tous ces samedis au cours des premiers mois d’hiver.
Plus durait notre subterfuge plus je me sentais ragaillardie. Après la lecture
de « Vingt mille lieux sous les mers », j’ai débuté le roman de
Victor Hugo « Les misérables ». Tu te rappelles de ma réaction ?
J’étais tout à la fois épouvantée et scandalisée. Si nous paysans, nous
survivions c’est parce que nous avions de quoi nous nourrir, nous habiller et
nous chauffer. Nos parents avaient tout de même une certaine autonomie
alimentaire, le blé nous le marchandions au meunier et si de la viande se vendait
sur l’étal du boucher de Landerneau, nous conservions quelques bas morceaux
dans du gros sel pour notre propre consommation. On s’en sortait de cette
manière. Enfin, je ne t’apprends rien. Par contre, pour les miséreux des villes,
la situation paraissait toute autre, si de surcroît l’injustice sociale (comme
tu aimes à le répéter) s’immisçait dès l’enfance. Il y a pire que la misère
dans laquelle nous les femmes subsistons, il y a l’oppression que l’on exerce
sur elles. Avec ce que j’endure, c’est une évidence que nous ne continuerons
pas à la subir ma sœur et moi ».
Grâce à l’avis de son mari Auguste, Marie-Véronique
Kerdoncuff avait corrigé son jugement
sur Euphrasine. Aux premiers abords, elle n’avait rien d’une femme gracieuse,
et les lunettes ne plaidaient pas en sa faveur, néanmoins l’attitude générale
démontrait, derrière une apparence craintive, un réel intérêt pour différents
domaines de la vie, une curiosité menant au-delà de la nécessité. On devinait
une appétence pour la connaissance qui lui semblait vraisemblablement vitale et
que leur fils comblait à force d’ardeur. Auguste Kerdoncuff avait bien décelé
chez elle une probable fragilité qu’il associait à la perte récente de sa mère
mais à l’inverse également une pugnacité allant de paire avec l’épreuve traversée.
Sous leur surveillance discrète, les parents de Jacques approuvaient dorénavant
que les jeunes puissent se côtoyer surtout que leurs conversations gravitaient
essentiellement autour des lectures d’Euphrasine et de celles de leur fils, en
dehors du fait qu’ils ignoraient sa préférence pour des auteurs socialistes. À
l’écart de la maison, à l’abri dans l’écurie, les jeunes lecteurs échangés sur
les ouvrages apportés par Jacques dont il avait fait l’acquisition pendant son
séjour à Rennes. Manifestement, sa préférence se portait sur Victor Hugo,
« rare humaniste de ce gabarit », selon les propres termes de
Jacques, même s’il avait une attention toute particulière pour un dénommé Emile
Masson. Socialiste-libertaire du Morbihan, il avait refusé de rejoindre l’Union
sacrée. D’après Jacques, son originalité résidait dans le fait qu’il s’adresse
en breton aux paysans pour tenter de les intéresser aux idées socialistes.
Puisque Jacques lisait le breton, il avait conservé des anciens numéros de la
revue Brug, publié par le fameux Emile Masson pour lequel
il ne tarissait pas d’éloges.
« Et puis dis-moi, au fond, où toutes ces
lectures vont t’emmener ? S’enquérait Euphrasine, intriguée par les
projets de son ami,
-
Je ne sais pas
vraiment. Dans l’immédiat, j’aimerais poursuivre mon apprentissage de
tapissier. J’ai encore une année entière de pratique, en espérant que je ne
sois pas entre-temps convoqué pour participer à la guerre. Ensuite,
j’enchaînerai avec le métier de tailleur, tailleur de costumes et j’ouvrirais
une échoppe en tant qu’artisan.
-
Ah oui ? C’est
un beau projet. Et où comptes-tu t’établir ?
-
Peut-être à Rennes…
Jacques hésitait avant de se lancer vraiment. Et pourquoi pas les États-Unis ?
Je sais que mes frères s’installeront sur la ferme, je ne m’en fais pas pour
mes parents.
-
Les États-Unis ?
-
Oui. Jacques
arpentait la grange de long en large. Dans une cité comme New-York ! J’ai
un cousin de Rennes qui vit dorénavant là-bas. Je pourrais lui demander de
m’héberger le temps de monter mon affaire. Sa voix s’éleva un peu. On prétend
que là-bas on nous garantit le droit à l’expression et que ce serait même
inscrit dans la constitution des Etats-Unis. Tout en parlant il s’immobilisait
par à-coups.
-
Tu penses à quoi
exactement ? Au fait qu’on nous oblige à nous exprimer en français ?
Euphrasine essayait de comprendre la ferveur qui régnait chez lui.
-
Il y a un peu de ça,
oui. Est-ce que tu crois que je me trompe beaucoup en te disant que la France
nous a déjà imposé sa langue et que maintenant elle nous impose une
guerre ? C’est quoi la suite à ton avis ?
-
Je ne sais pas… Prier
pour que la guerre cesse…. Se hasarda Euphrasine afin de soulager les tourments
de son nouvel ami.
-
Prier, prier !
Ca ne suffit pas. Vous priez tous, mes parents, mes frères, toi, et rien ne
s’arrête. Ca a même empiré ! À quoi bon se rendre à l’Église !
Dis-moi Euphrasine. Elle ne sut quoi rétorquer. En tout cas je sais qu’il
existe aux Etats-Unis des opportunités pour réaliser ces projets et que c’est
un pays en constante évolution. En plus de ça, il n’y pas de guerre sur leur
sol. Enfin, plus maintenant. Je ne prétends pas que ce soit parfait mais en
France, j’ai le sentiment que les ravages de la guerre auront des conséquences
durables quand tout ça sera terminé. Tu te rends compte ! On ne connaît
toujours pas l’issue de cette putain de guerre ! Déclara-t-il dans un élan
de lucidité. C’est la première fois qu’Euphrasine l’entendait jurer. Désolé, je
m’emporte… Je ne devrais pas mais je m’inquiète. Si j’étais appelé, tout
pourrait s’écrouler ». Sa prévision avait-elle un lien avec
Euphrasine ? Elle qui se tracassait également. Non pas sur le fait qu’il
veuille réaliser ce qu’il avait en tête mais bien à cause de ce qu’il augurait
dans le cas de son enrôlement ; les hommes peuvent revenir de leurs rêves,
pas forcément de la guerre.



Félicitations. A bientôt de te revoir avec 1 exemplaire !
RépondreSupprimerJe suis preneuse dès que tu l'auras ! Tu es listé dans ma Biblio. Quel honneur ! (pour moi 🤣🤣🤣🐞)
RépondreSupprimerAnne-Marie
Je suis très content pour toi, David, que ce "premier" livre voit prochainement sa mise sous "presse". Dom
RépondreSupprimerj’imagine que cette histoire est tirée de faits réels … ça fait froid dans le dos mais malheureusement il s’agissait du quotidien de bcp de femmes à cette époque !
RépondreSupprimerc’est chouette la manière que tu as de romancer une histoire qu’on te raconte
tu as un très beau style . Janick