Projet de couverture du manuscrit "la petite Algérienne". Ce manuscrit ne réécrit pas l'histoire mais dévoile un détail de l'histoire qui a toute son importance. Et comme vous le savez, le diable se cache dans les détails.
Documentaire écrit
Récit inspiré de faits réels (les noms et prénoms de certaines personnes ont été volontairement
modifiés)
Reconstitution historique
« Un très bon moment de lecture. » Jean-Paul Morvan (maire de Loperhet de 2014 à
2020, passionné de l’histoire autour de la colonisation en Algérie)
« Un texte très intéressant. » Michel Meneu (professeur d’histoire à la retraite)
En rentrant en Algérie, Huguette Mingam aspirait au calme
et au recueillement. On estimait que le mieux pour elle, sachant les exercices
qui attendaient son mari, serait un séjour prolongé au sein de l’hôtel. Elle trouva auprès de ses parents et de ses
amies, un asile de compassion, d’écoute et de soutien moral. Les visites
chatouillantes d’Yvette Blondin, qui avaient tout de même le don d’agacer A.L.
Pignol, favorisaient un regain d’intérêt d’Huguette Mingam pour les choses de
la vie. Contrairement à son père, Marie-Jeanne Pignol voyait d’un très bon œil
cette relation impulsée par un solide souffle de vie, fût-il ténu. Elle
s’évertua, quant à elle, à lui changer les idées et l’incita à la pratique du piano, quelques séances à l’hôtel aideraient à pourvoir au deuil qui compensait
son insoutenable culpabilité par rapport à son enfant, pensait-t-elle. A force
d’entrain et d’empathie envers la malheureuse, Yvette Blondin figurait parmi
ses premières confidentes.
« Le temps est radieux aujourd’hui ! S’enthousiasma celle qui retrouvait son amie cours Carnot après une énième rencontre. Cela faisait bientôt trois mois que Jacqueline était décédée. Allez ! Accompagne-moi jusqu’au kiosque, tu verras, l’ombre des arbres est bénéfique à la douceur,
- Oui, si tu veux, patiente, s’il te plaît, le temps que
je récupère une ombrelle et que je me coiffe d’un chapeau », lui répondit
une voix provenant des appartements du rez-de-chaussée occupés par les Pignol.
Cette attente qui s’éternisait, offrit la possibilité à Yvette Blondin, après
avoir réajusté les lunettes, d’examiner en détail l’hôtel, s’étonnant pour
ainsi dire de ne l’avoir pas soumis plus tôt à son intérêt. Le long de la
façade extérieure ajourée de deux ouvertures en alcôve, on avait positionné une
rangée de tables rectangulaires assez étroites, protégées de l’agression du
soleil par une toile épaisse, assez grossière dans son exécution même si son
bord était échancré par de minuscules houppes d’ornement. Sur la droite,
l’entrée, également arrondie dans son architecture, assez large pour ne pas
incommoder le passage d’une petite charrette, s’étirait jusqu’à la limite du
patio. Quatre colonnes en bois seulement décorées de chapiteaux sans fantaisie,
soutenaient la terrasse du 1er étage. Au coin de l’une d’entre elles,
était installée la chaise réservée à l’usage exclusif d’A.L. Pignol, qui sous
prétexte d’une lecture du journal, gardait un œil sur l’agitation de la rue. Il
traquait du regard les vendeurs à la sauvette, de jeunes juifs empapillotés
dans leurs tresses de dattes, ou vêtait le costume de vigile dans le cas où
surviendrait une course de voitures interdite qui incommodait les résidents du
centre ville. Pour éviter les chutes malencontreuses, mais sur lesquelles on
pouvait toutefois s’appuyer pour lorgner en toute discrétion sur la cours
Carnot, avait été érigée une balustrade en fer forgé bien plus élégante que les
poteaux sur lesquels elle se maintenait. Á nouveau des pans de rideaux en toile
épaisse, de
Yvette Blondin clôtura l’inspection de l’Orient à l’instant même où apparut son amie. Après avoir remis à sa place la chaise sur laquelle elle s’était assise, à son tour vint s’abriter sous le parapluie déployé par Huguette Mingam à qui elle saisit l’encolure du bras partiellement dénudé. Le square, vers lequel elles se dirigeaient, se situait à une centaine de mètres de l’établissement. Dans la rue, peu de monde, encore moins de circulation, tout juste croisèrent-elles des indigènes qui guidaient leurs chèvres et leurs moutons, tout aussi nonchalants, ou des colons dont elles ignoraient la raison de leur présence à moins que quelques affaires pressantes à régler les obligeassent à affronter les prémices d’un Sirocco automnal, un vent saharien qui déjà ponctuait le square des premières poussières arrachées aux dunes du reg. L’ombrelle, accessoire habituel d’une coquetterie outrancière, était bien utile pour se préserver d’une invasion soudaine de ces particules qui envahissaient la moindre anfractuosité de l’air respirable. On peinait déjà à discerner l’une des portes du mur byzantin quand les deux jeunes femmes s’immobilisèrent sur un des bancs disposés autour du kiosque inhabituellement muet. Abandonné de ses promeneurs ou des concerts occasionnels, le square s’avérait être l’endroit approprié pour un échange intime.

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